Votre fondation s’engage par exemple pour un élevage qui respecte le bien-être des animaux, contre le port de la fourrure ou contre l’élevage intensif. À l’approche de Noël, quels sont les sujets actuellement à l’ordre du jour ?
Patrick Schneider : Nous nous préoccupons du bien-être des animaux en général, pas seulement de l’élevage. Nous recevons par exemple de nombreuses demandes de jeunes agriculteurs qui souhaitent transformer leur ferme en « ferme de vie ». Ce sont de jeunes hommes ou de jeunes femmes qui reprennent l’exploitation de leur père. Ils veulent par exemple cultiver des légumes, passer à la production de lait d’avoine ou élever des poules qui pondent uniquement des œufs et qui ne produisent plus de viande, car l’abattage n’est plus envisageable pour eux. Nous les accompagnons comme une entreprise qui se reconstruit ou se transforme.
Qu’advient-il des animaux qui, sinon, seraient abattus ?
Ils peuvent encore vivre heureux à la ferme jusqu’à la fin de leur vie. Ils sont certes élevés comme animaux de rente, mais ils ne sont pas tués pour la consommation de viande. Les animaux qui peuvent vivre dans une « ferme de vie » sont beaucoup moins malades et plus heureux. Ils meurent dans leur environnement bien-aimé, accompagnés par les personnes et les animaux de la ferme.
De manière générale, êtes-vous opposé à la consommation de viande ?
Nous ne voulons interdire à personne de manger de la viande. Nous nous engageons contre l’élevage intensif indigne et les transports inutiles d’animaux. Une bonne évolution est par exemple le fait qu’Aldi et Lidl ne veulent vendre que de la viande suisse en Suisse.
Et quelles campagnes menez-vous actuellement ?
En novembre et décembre, nous avons été actifs dans la Bahnhofstrasse à Zurich pour l’interdiction de l’importation de fourrures. Nous avons distribué des flyers, discuté avec des passants, échangé avec des personnes qui portaient de la fourrure ou conseillé ces dernières sur la manière de se défaire d’une fourrure dont elles ont hérité. À la mi-décembre, le Conseil national a heureusement approuvé l’interdiction d’importer des fourrures issues de modes de production cruels par 144 voix contre 31. Il appartient désormais au Conseil des Etats d’adopter définitivement cette interdiction.
Comment Pro Tier est-elle financée ?
Nous sommes une organisation à but non lucratif et nous sommes financés par des mécènes, des donateurs et des legs. Vous vous souvenez peut-être encore de l’émission sur les animaux avec Heidi Abel à la télévision suisse. Dans cette émission, lancée par Pro Tier, on cherchait un nouveau foyer pour des animaux de compagnie sauvés. Aujourd’hui encore, beaucoup de personnes connaissent cette émission.
Qu’attendez-vous de la collaboration avec deinadieu.ch ?
Nous savons que de nombreuses personnes n’ont pas de testament, mais qu’elles souhaiteraient en rédiger un s’il était possible de le faire en ligne et de manière simple. Par l’intermédiaire de DeinAdieu, nous souhaitons également atteindre des personnes plus jeunes, âgées de 50 ans et plus, qui s’intéressent au bien-être animal et qui souhaitent nous inclure dans leurs testaments.
Qui fait des dons à Pro Tier ?
Principalement des personnes de plus de 40 ans.
Qu’advient-il de l’argent donné ou légué ?
Il est utilisé pour des campagnes, nous soutenons des projets de « fermes de vie » qui n’ont pas les moyens de payer une opération pour un cheval ou de construire une extension pour une étable. Nous aidons également les particuliers qui souhaitent sauver des animaux. Nous nous engageons exclusivement pour les animaux en Suisse. Notre objectif principal est de sauver des vies animales et de promouvoir le bien-être des animaux : autrefois, il s’agissait davantage d’animaux de compagnie, aujourd’hui, ce sont aussi des animaux de rente.
Dans quelle mesure le mouvement pour le climat contribue-t-il à mettre en avant vos préoccupations ?
La sensibilité des gens a certainement augmenté. Les thèmes du changement climatique, du comportement alimentaire et du bien-être animal vont inévitablement de pair. La pandémie a également mis en lumière notre cause. Malheureusement, on ne parle plus de l’origine du coronavirus : peut-être un marché aux animaux à Wuhan, en Chine. Les conditions dans ces marchés aux animaux sont terribles. Les animaux sont écorchés à vif et ils sont détenus dans des cages grillagées indignes. C’est dommage que le sujet ait un peu disparu des médias.
La fondation, qui est entièrement financée par des dons et des legs de particuliers, se penche également sur des questions éthiques : l’être humain peut-il donner la priorité à ses propres objectifs par rapport au bien-être et à la vie des animaux ? Quelles obligations morales a-t-il envers tous les êtres vivants ? Depuis deux ans, Patrick Schneider est le directeur de l’organisation de protection des animaux à but non lucratif.