La fondation zsge a pour mission fondamentale la resocialisation et l’intégration de personnes en conflit avec la justice.
Qui vient chercher un soutien et des conseils auprès de vous, Monsieur Rutishauser ?
Nous soutenons ceux qui viennent de sortir de prison lorsqu’ils doivent trouver un nouveau logement ou un nouvel emploi. Nos clients – ce sont principalement des hommes, il n’y a que quelques femmes – ont souvent commis des délits liés à l’acquisition de biens tels que des cambriolages, des vols ou des lésions corporelles simples et il s’agit souvent de récidivistes. Désormais, nous comptons aussi parmi nos clients des personnes ayant des parcours de vie difficiles mais qui ne se sont pas retrouvées aux prises avec la justice. Il s’agit en particulier de personnes souffrant d’une addiction, de personnes souffrant de troubles psychiques ou de personnes issues de familles brisées. Nous offrons ainsi durablement aux gens une chance de reprendre pied dans une vie ordonnée. Nous essayons de planifier leur avenir avec eux, de chercher des perspectives professionnelles. L’objectif est qu’ils puissent à nouveau mener une vie autodéterminée et constructive.
Les gens viennent-ils auprès de vous de manière volontaire ?
Nous n’accueillons pas seulement des personnes issues du système pénitentiaire, mais également des personnes envoyées par les services sociaux. Il s’agit de personnes qui doivent par exemple être réintégrées dans le marché du travail ou qui ont besoin d’une structure de logement réglementée. Cependant, pour que nous puissions aider, il faut que les gens soient prêts à respecter des règles et à coopérer. Ils doivent avoir la volonté de faire ce pas vers une nouvelle vie et d’accepter des changements.
Comment faits-vous pour le savoir ?
Dans notre complexe résidentiel « Waffenplatz45 », nous travaillons avec un concept en quatre phases. Au début, nous évaluons à quel point la personne est prête et mûre. Certains ont besoin d’une nouvelle boucle et se retrouvent par exemple à nouveau dans la rue. D’autres quittent notre établissement, car la pression d’adaptation est trop forte pour eux. Ils se tournent vers d’autres établissements qui sont mieux adaptés.
En moyenne, combien de temps une personne habite-t-elle à « Waffenplatz45 » ?
En général, les gens restent chez nous pendant un an et demi ou deux ans avant d’emménager dans leur propre appartement. Il y a toutefois des exceptions : le plus ancien vit chez nous depuis douze ans.
Vous avez un complexe résidentiel et un atelier de travail. Comment fonctionnent les deux services ?
Nous avons différents appartements dans la résidence « Waffenplatz45 ». Les gens vivent à trois dans une colocation dont ils doivent s’accommoder. Ils doivent s’occuper eux-mêmes du ménage et nous les accompagnons dans cette tâche, nous organisons des réunions, faisons des contrôles de chambre et il y a des événements communs. Certains clients ont des charges imposées par la justice, sur lesquelles nous devons garder un œil. Dans notre atelier de travail « Werkraum4 », les personnes qui vivent chez nous reçoivent très rapidement une structure de travail réglementée. Ils peuvent y travailler immédiatement. En outre, nous proposons également des travaux d’intérêt général au Werkraum4 : au lieu de purger de courtes peines de prison, les gens peuvent s’en acquitter en travaillant chez nous. Ceux qui ne peuvent pas payer leur amende pour des raisons financières ont chez nous la possibilité de s’en acquitter également sous forme de travail d’intérêt général.
Quels travaux les gens effectuent-ils ?
Dans l’atelier de recyclage, on recycle principalement des déchets électroniques. Dans l’atelier, nous fabriquons différents produits de vente à partir de matériaux recyclés et ces produits sont ensuite vendus sous nos deux labels recyclingArt et Lerski.
Quelle est l’ambiance entre les clientes et les clients ?
Les choses se passent souvent de manière très studieuse et paisible. Après un premier écueil de départ, les gens trouvent le travail sensé et utile. Ils apprécient d’avoir une structure quotidienne, de trouver un sens à la fabrication de quelque chose qui peut également être vendu. Certains s’y investissent beaucoup.
Le travail est-il rémunéré ?
Ceux qui purgent une peine de travail d’intérêt général ne gagnent rien mais ceux qui viennent des services sociaux reçoivent une allocation d’intégration.
Selon vous, quand la réintégration est-elle réussie ?
La réussite, c’est quand les gens sont passés par un processus et qu’ils ont développé la conscience d’être responsables de leur vie. Souvent, ils y parviennent parce qu’ils ressentent enfin de l’estime et de la reconnaissance pour ce qu’ils font. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais été récompensés auparavant. C’est nouveau pour eux d’être acceptés et accueillis et d’avoir de l’espace. Cependant, il est difficile de mesurer réellement la réussite à long terme, par exemple en ce qui concerne le taux de récidive des délits.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre travail ?
Cela fait maintenant huit ans que je suis ici. J’aime l’authenticité et le côté réel de ce travail avec les gens. On est très proche du pouls de la vie, on a un aperçu des côtés obscurs de la vie et on peut faire changer les choses. J’apprends beaucoup de ces personnes qui sont marquées par la vie.
Pouvez-vous donner un exemple ?
Grâce aux différents destins humains auxquels je suis confronté, je parviens de mieux en mieux à relativiser mes propres problèmes et à accorder plus d’attention aux choses positives. J’ai également appris à apprécier les petits pas dans un processus de changement.
Comment la fondation zsge est-elle financée ?
Environ 88% de nos fonds proviennent de contrats de prestations passés avec les pouvoirs publics, c’est-à-dire de la justice et des services sociaux. Le produit de la vente des produits que nous fabriquons constitue une petite partie de nos sources de financement et bien sûr nous sommes également financés grâce aux dons et aux legs.
Quelle est l’importance des dons et des legs pour la fondation ?
Ils représentent environ dix pour cent de nos fonds et constituent une source importante de revenus, car nous faisons nous-mêmes des dons également. Les personnes dans le besoin peuvent déposer des demandes auprès de nous si elles connaissent des difficultés financières. Nous les aidons par exemple à suivre une formation continue ou à payer l’examen de conduite afin qu’elles puissent travailler comme chauffeur de taxi ou dans la vente. Nous avons également besoin d’argent pour des projets tels que le développement de nos canaux de vente ou la création de places de logement supplémentaires pour notre clientèle.
Qui fait des dons à la fondation zsge ?
Parmi les donateurs, on trouve de nombreux particuliers, des institutions ecclésiastiques ou des entreprises qui considèrent que notre mission de réintégration a du sens. Les légataires sont souvent des personnes qui avaient un lien avec la justice par le biais de leurs proches ou de leurs connaissances. Ils veulent dire merci, donner quelque chose en retour.
Pour en savoir plus sur la fondation zsge : https://www.deinadieu.ch/hilfswerke/stiftung-zsge/ et dans cet article.